La configuration territoriale du produit intérieur brut (PIB) russe en 2025 est profondément marquée par la centralisation économique et la persistance d’inégalités régionales. Les chiffres officiels du Service fédéral des statistiques de Russie (Rosstat, 2023) permettent de faire le point sur la ventilation du PIB national par districts fédéraux .
Le district fédéral central, dominé par Moscou, concentre 35 à 38 % du PIB annuel.
Ce poids s’explique par la forte densité urbaine, la prévalence des services avancés, des sièges sociaux d’entreprises et un tissu industriel diversifié à haute valeur ajoutée. Cette centralisation contribue à attirer les capitaux, les talents et concentre la dynamique de croissance .
Les districts du Nord-Ouest (13-15 %) et de la Volga (15 %) occupent une position intermédiaire grâce à leur base industrielle solide (métallurgie, chimie, automobile), leur capacité logistique et leur accès privilégié aux marchés d’exportation. L’Oural (10 %) et la Sibérie (10 %) se caractérisent quant à eux par la puissance de leurs secteurs extractifs, notamment le pétrole, le gaz naturel et les industries minières, moteurs structurels des exportations russes .
À l’opposé, les districts du Sud (5-8 %), du Caucase du Nord (2-3 %) et de l’Extrême-Orient (4-6 %) affichent une contribution modeste au PIB national. Cela s’explique par leur base économique axée sur l’agriculture, la faible densité démographique ou le poids encore important des transferts budgétaires fédéraux dans les régions les moins développées .

Source: Rosstat, Produit régional brut par habitant (2023)
La zone arctique — reliant une partie de l’Oural, de la Sibérie et de l’Extrême-Orient — représente un enjeu stratégique majeur dans la structure économique du pays.
Bien qu’elle soit peu peuplée, cette région concentre les mégaprojets industriels et énergétiques : extraction d’hydrocarbures sur la péninsule de Yamal, exploitation minière à Norilsk Nickel, infrastructures portuaires à Mourmansk. Selon de nombreux auteurs, l’Arctique russe pourrait générer jusqu’à 20 % du PIB national, une proportion remarquable due à la valeur ajoutée de ses exportations énergétiques et à l’importance croissante de la Route maritime du Nord dans les échanges transcontinentaux .
Pour conclure, la ventilation territoriale du PIB russe rend compte à la fois de la persistance des déséquilibres économiques internes et du rôle stratégique des zones polaires. Dans ce contexte, la capacité à investir dans l’innovation, les infrastructures et la valorisation des ressources du Nord demeure l’un des critères de durabilité et de puissance pour l’économie russe contemporaine.
Sources
1. Валовый региональный продукт на душу населения, Service fédéral des statistiques de Russie (Rosstat), https://statbase.ru/data/rus-gross-domestic-product-by-region-per-capita-national-stat/
2. Florian Vidal, « La Russie, puissance arctique contrariée », Géoconfluences, ENS Lyon, 2025.
3. Irina Busygina, The Role of Russia’s Regions in the War Economy, Zois (Berlin), 27 novembre 2024.
4. Les Nouvelles économiques de l’Eurasie du 7 mars 2025, DG Trésor, https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2025/03/07/les-nouvelles-economiques-de-l-eurasie-du-7-mars-2025
(c) Laetitia Spetschinsky, 28 septembre 2025

Laetitia Spetschinsky
Laetitia Spetschinsky est docteur en relations internationales, chargée de cours invitée à l’Université catholique de Louvain (Belgique) et chercheure associée à l'oiip (Institut autrichien des relations internationales, Vienne, Autriche). Ses recherches portent sur la géopolitique de l'espace post-soviétique et les relations entre l'UE et la Russie.
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